Pas tous égaux
Ce mardi, Abdelhamid, 30 ans, a rendez-vous avec Ferdinand, son mentor, dans les bureaux de l’asbl DUO for a JOB. Ce dernier a une proposition à lui faire : pourquoi ne pas postuler dans l’Horeca, maintenant que la réouverture des établissements est actée ? Abdelhamid, qui jusqu’ici cherchait surtout en boucherie, trouve l’idée intéressante. Sa dernière mission intérimaire date d’il y a trois mois dans une société de nettoyage industriel, mais c’est depuis un semestre qu’il cherche un emploi stable. Pour le moment, hormis quelques entretiens d’embauche par téléphone, le Bruxellois patine. Il préfère pourtant regarder le verre à moitié plein. Certes, la pandémie n’a rien facilité, mais lui qui n’a pas l’habitude d’utiliser un ordinateur et internet a dû apprendre à le faire.
Les profils comme celui d’Abdelhamid, peu ou pas diplômé et issus de l’immigration, ont plus de difficultés à trouver un job que les autres. L’ASBL Duo for a job, qui met en relation des jeunes de moins de 33 ans étrangers ou issus de l’immigration avec des mentors de plus de 50 ans, a mené une étude aux constats interpellants : 83 % des jeunes interrogés estiment qu’il est plus difficile d’obtenir un entretien d’embauche depuis le Covid et 64 % des mentors considèrent que les possibilités d’emploi pour leur « mentee » ont considérablement diminué.
« C’est d’autant plus difficile que ce sont des populations qui manquent de réseaux pertinents alors qu’on sait que la moitié des offres d’emploi aujourd’hui ne sont pas rendus public, car elles trouvent des preneurs par le bouche-à-oreille », explique la directrice générale adjointe de Duo for a job Julie Bodson. La digitalisation demeure en outre un enjeu majeur. Elle termine : « Même parmi les moins de 33 ans, deux tiers des jeunes interrogés qui ont un diplôme inférieur au secondaire présentent des difficultés à faire des activités en ligne. On ne s’oppose pas à la digitalisation, mais il faut accompagner les demandeurs d’emploi dans cette transformation du marché de l’emploi. »