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  • « À l’âge de 68 ans, soudain, tu n’es plus personne. » Gilbert ne voulait pas encore prendre sa retraite. À 65 ans, il a négocié avec son entreprise pour rester un peu plus longtemps. Il a formé de jeunes ingénieur.e.s et était respecté par ses collègues. “Jusqu’à ce que le nouveau directeur fasse son entrée en disant : Je suis là pour faire le ménage. Toutes les personnes de plus de 50 ans vont s’en aller. »

    « À l’âge de 68 ans, soudain, tu n’es plus personne. » Gilbert ne voulait pas encore prendre sa retraite. À 65 ans, il a négocié avec son entreprise pour rester un peu plus longtemps. Il a formé de jeunes ingénieur.e.s et était respecté par ses collègues. “Jusqu’à ce que le nouveau directeur fasse son entrée en disant: Je suis là pour faire le ménage. Toutes les personnes de plus de 50 ans vont s’en aller. » Du jour au lendemain, Gilbert s’est retrouvé chez lui, sans réseau de collègues, sans structure de journée, sans reconnaissance. Arnold se retrouve également dans ce récit: « Je voulais continuer à travailler après mes 65 ans. J’avais le sentiment de ne plus être utile. On accumule un certain nombre de bagages au cours de sa carrière professionnelle, mais ça ne sert pas à grand-chose lorsqu’on prend sa retraite. »

    DES ETIQUETTES LOURDES À PORTER

    Pour de nombreux sexagénaires, la retraite arrive de manière brutale. Ils/elles se sentent encore actif.ve.s, ont envie de participer au monde qui les entourent et n’ont pas envie de rester à la maison pour la troisième partie de leur vie. Paradoxalement, en tant que société, nous avons tendance à « parquer » les personnes en fin de carrière et à fortiori au moment de la retraite. D’un coup, l’expérience, l’expertise et les compétences acquises tout au long de la vie ne sont plus valorisées. Conséquences? Non seulement elles sont confrontées à un sentiment ‘d’inutilité’, mais elles doivent en plus faire face à la perception extérieure d’être quelqu’un qui ne leur ressemble pas: une personne âgée « déconnectée », « démodée », voire « réfractaire au changement ».

    Du côté des jeunes issu.e.s de l’immigration, les mêmes mécanismes sont à l’œuvre dès la naissance et perdurent tout au long de la vie. Ces entraves liées à des stéréotypes sont particulièrement bloquantes au moment de rentrer sur le marché de l’emploi. Ils/elles se voient en effet imposer des représentations négatives liées au fait d’être jeunes (et donc inexpérimenté.e.s) et issu.e.s de l’immigration. Ils doivent doublement faire leurs preuves pour accéder au marché de l’emploi avec l’espoir de pouvoir y exercer un métier à la hauteur de leurs compétences. Ces préjugés qui conduisent à la discrimination empêchent non seulement ces jeunes plein de potentiel, d’envies et de rêves de trouver leur place professionnellement mais elle prive également la société et les entreprises de compétences et d’expériences diverses et riches.

    Puisque ces préjugés nuisent tant aux individus qu’à la collectivité, pourquoi ne pas créer les conditions pour que chaque personne, quel que soit son âge, son origine, son genre, puisse en toute complémentarité, déployer ses talents et nous partager ses richesses?

    IDENTIFIER LES TERRAINS COMMUNS

    Pour se faire, il faudrait probablement commencer par se départir de ces préjugés sur les autres qui nous collent tous.tes aux baskets. Et de ce côté là, bonne nouvelle, il y a des pistes de solutions. Outre les changements systémiques nécessaires, une première action individuelle consisterait à “aller à la rencontre” en partant du constat que plus notre environnement social est diversifié (famille, amis, collègues) plus nous devenons tolérant.e.s envers les personnes différentes de nous.

    C’est dans cette démarche que DUO for a JOB a construit son modèle. Depuis huit ans, l’association crée des duos et met en relation des personnes de plus de 50 ans (comme Gilbert et Arnold) avec des jeunes issu.e.s de l’immigration. Les 50+ répondent aux besoins des jeunes (manque d’expérience, de réseaux/de capital social) et inversement (manque de valorisation/lutte contre l’isolement, etc.), mais pas seulement… Assister à la création de plus de 3.500 duos a été pour nous l’occasion de constater qu’à travers l’expérience individuelle, les personnes de plus de 50 ans et les jeunes apprennent à se connaître et ouvrent la magnifique brêche du questionnement et de la remise en question. En créant une relation de confiance dans la durée, ils/elles découvrent la réalité de l’autre et ce qui les unit, développent de l’empathie et de la compréhension, non seulement pour lui/elle, mais aussi pour le groupe auquel il/elle appartient. Jean-Louis, mentor, témoigne: “Je suis devenu militant en faveur de ces jeunes. Je les défends auprès de tous ceux qui ont des « a priori » contre eux, y compris dans ma famille.”

    Dans le contexte économique et social difficile que nous connaissons, où de nombreuses relations humaines ont été numérisées, le risque existe que des contacts sociaux moins fréquents et moins qualitatifs accroissent les incompréhensions mutuelles. Le moment pour DUO for a JOB d’adresser un message d’ouverture avec cette campagne d’affichage en cours sur la côte belge. Nous avons assisté, à des rencontres improbables entre des milliers de jeunes et moins jeunes d’horizons très différents et force est de constater la puissance de cette expérience de déconstruction des préjugés. Aujourd’hui, nous voulons lancer une invitation pour en multiplier les effets: sortez, quittez votre zone de confort, partez à la rencontre de l’Autre, les découvertes que vous ferez pourraient bien vous surprendre et vous transformer, au bénéfice de tous.tes. A travers l’échange entre personnes appartenant à des groupes différents, nous pouvons créer des relations entre citoyen.ne.s fondées sur la tolérance, l’ouverture et le respect mutuel.